Graphique, faits et témoignages, sur les plus grosses crues de la Saône

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Mars 2001, la Saône vue du pont de Saint-Laurent.

Le 18 décembre 1981, la Saône en crue se répand hors de son lit et, peu à peu envahit les caves, les rues, les maisons de Mâcon ainsi que la campagne alentour.

Surpris, inquiets, agacés parfois, les Mâconnais découvrent à nouveau que la rivière sur les bords de laquelle ils vivent, n'est pas seulement un décor. La Saône en qui César ne voyait qu'une rivière "d'une si incroyable lenteur que l’œil est incapable de discerner dans quel sens elle coule" est aussi une rivière qui vit, qui grossit ou se raréfie, qui déborde. Beaucoup l'avaient oublié.

Mais l'histoire est là : pour pallier les faiblesses de la mémoire collective, pour rappeler qu'un fleuve, s'il est source de fécondité et de prospérité pour les régions qu'il traverse peut à l'occasion se transformer en élément destructeur qui anéantit les récoltes, ravage le pays, agresse les populations. Pour rappeler aussi, qu'un phénomène est rarement sans précédent : qu'en d'autres temps, d'autres hommes, d'autres femmes ont été confrontés à des situations identiques sinon pires, ont affronté les mêmes éléments et avec encore moins de moyens, les mêmes angoisses.

Depuis 1640 où l'on a commencé à noter le niveau des crues, la rivière est montée 15 fois au dessus de 6 mètres.

Au fil du temps et des siècles, des dates ont surnagé avec quelques points forts 1840, 1910, 1955, peut-être aussi parce que plus proches de nous.

       Des débordements à répétition

    Premier jalon connu, 580, en pleine barbarie, sous le règne de Childebert II, grâce au récit de Grégoire de Tours. Le désastre a été horrible, les conséquences terribles. Les habitants et les bestiaux furent presque tous noyés dans les maisons détruites ; les survivants qui, redoutant un nouveau déluge s'étaient retirés avec femmes, enfants et biens sur les collines voisines, furent décimés par la famine et une épidémie de peste ; les villes dépeuplées.

Six siècles plus tard, en mars 1196, conséquence d'une pluie continuelle qui était tombée durant 2 mois, les eaux causèrent de grands sinistres "jusqu'aux étangs de la Dombes qui débordèrent en jetant la consternation sur leurs rivages", suspendant même un temps les hostilités entre Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste.

Mezeray dans son histoire de France relate : "Les misères de ce temps causées par les insolences des soldats semblaient faire pitié à la nature, si plutôt elle ne présageait encore celles de l'avenir. Les pluies continuelles qu'elle versa durant 2 ou 3 Mois l'an 1196 grossirent les rivières et débordèrent les étangs qui menaçaient de faire un second déluge par leurs inondations. Les prières, les aumônes et les processions furent le seul remède à ces maux ; et quant après tout cela, on eut fait le signe de la croix sur les eaux, elles se resserrent toutes miraculeusement dans leurs lits ordinaires. On vit en peu de temps ce que signifiait ce prodige. Les rois reprirent les armes...".

En 1258, nouveaux ravages : la Saône emporte l'île de Grelonges sur laquelle se trouvait un couvent de bénédictins qui fut entièrement détruit, rapporte un procès-verbal des visiteurs de Cluny.

1403: De grandes inondations causent de grandes pertes.

1408: Des lettres patentes de Charles V constatent les dégâts causés par des débordements extraordinaires de la Saône et du Rhône : plus de 200 maisons renversées soit par les eaux, soit par les glaces.

Le 29 octobre 1423, une crue soudaine et exceptionnelle de la Saône emporte la grande arche du pont de Mâcon et la maison de la Chapelle St-Nicolas qui servait pour le guet. Jehan de Verneuil capitaine de la ville, Jean Cenvaudon, Pierre Seigneuret, Pierre Maréchal et Guichard Chaptal prêtre, réunis sur cette arche pour faire le guet sont mis en situation périlleuse ; le capitaine est noyé.

A cette occasion, les évêques accordèrent des dispenses et des indulgences à ceux qui feraient des dons pour réparer le pont détruit. C'est après que les états du Mâconnais firent consolider le vieux pont dans de nouvelles constructions qui lui donnèrent sa solidité et sa largeur actuelles.

1476, 1501, 1570 : à nouveau de désastreuses inondations, qui touchent plus particulièrement le Rhône et la cité Lyonnaise.

Du 18 au 27 septembre 1602, les eaux de la Saône débordent une nouvelle fois, à un tel niveau qu'elles couvrent entièrement les éperons du pont et touchent presque la circonférence des arches. Pour éviter qu'il ne soit renversé, on le charge de gueuses de fer et de gros quartiers de pierre pour le stabiliser : "Le débordement extraordinaire fut suivi l'année d'après d'une sécheresse extrême en mai et juin".

Le 6 février 1629, Louis XIII arrive à Mâcon par voie d'eau : une grosse crue l'oblige à y rester jusqu'au 9 février.

1640: la première cote officielle au "Saônomètre" fixé au pont de Mâcon indique un niveau d'inondation de 6,45 m.

En 1711, les pluies abondantes et fréquentes de janvier ajoutées à la grande quantité de neige tombée les premiers jours de février provoquent une crue extraordinaire du Rhône et de la Saône qui s'étend particulièrement à partir du mercredi 11 février. Avec une cote maximale de 6,90 m, qui dépasse largement la hauteur atteinte en 1640 (on peut aujourd'hui encore lire sur une des arches du pont St-Laurent, l'inscription "1711" témoignant du niveau des eaux alors), cette crue est la plus importante après celle de 1840. Elle ravagea les prairies de Pont-de-Vaux, Pont-de-Veyle, Thoissey et détruisit quantité d'ouvrages riverains. Les eaux occupaient toutes les rues de la Ville de Mâcon le long de la rivière ; il y eut environ un pied dans l'église Sainte-Marie, l'autel de St-Etienne et de l'Hôtel Dieu furent couverts, on ne pouvait plus entrer que par les fenêtres dans les maisons de la rue Bourgneuf (rue Carnot actuelle) où on ne circulait plus qu'en bateau jusqu'à port Saint-Jean.

      D'après une communication faite par M. Laval en 1847 devant l'Académie de Mâcon, une indication gravée à l'angle de la maison située sur la place St-Etienne à l'origine de la rue France note 3 niveaux différents : celui de janvier 1640, celui de février 1711 et celui de décembre 1711. Il ressort de ces inscriptions qu'il y aurait eu deux inondations extraordinaires en 1711 : l'une en février, l'autre en décembre, la seconde dépassant la 1er de 0,2 m.

Il n'y a pas que les crues qui bouleversent le cours de la Saône. Au XVllle, de grands travaux d'aménagement modifient le cours du lit et les abords de la rivière, contribuant à lui donner, déjà à l'époque, un aspect presque contemporain.

       1738/1740: les fortifications du Pont de Mâcon sont démolies ; les arches reconstruites.

A partir de 1750, Mâcon s'ouvre sur la Saône : les murailles côté rivière tombent et l'Edit Royal de 1762 autorise l'aménagement des quais.

Dès 1756, il avait d'ailleurs été décidé de faire passer sur ces futurs quais, la grande route Chalon-Lyon.

De 1772 à 1782 : nouvelle tranche de grands travaux au Pont dont on élargit la chaussée. Première conséquence, la circulation, souvent interrompue, se fait par bac.

Le 4 mars 1805, un débordement extraordinaire de la Saône occasionne de grands ravages sur tout son parcours.

De moindre importance, d'autres crues ont lieu en 1812, 1820, 1824, 1830 et 1836.                                                                                                                                                                      

 

1840 : 8,05m au pont de Mâcon

 

De nos jours encore, la crue de 1840 reste considérée comme la plus catastrophique, la plus destructrice que la cité mâconnaise et ses environs aient jamais connu ; celle qui a le plus frappé les imaginations. La barre de 1711 que les contemporains d'alors estimaient infranchissable a été dépassée de 1,20 m ; les désastres ont été en proportion.

Dans des notes et observations statistiques sur "La crue extraordinaire de la Saône durant les premiers jours de novembre 1840", l'Académie de Mâcon relève : "L'immense et désastreuse inondation des premiers jours de novembre 1840 paraît ne pouvoir être attribuée qu'aux causes suivantes : à savoir : à la continuité presque absolue des pluies tombées pendant 28 jours en septembre et octobre dans le bassin de la Saône par une douce température, à l'imbibition totale du sol de ce bassin jusqu'aux couches imperméables et à la fonte subite et presque instantanée des neiges amoncelées sur le Jura vers les sources du Doubs et de ses affluents (...). On conçoit dès lors que les pluies très abondantes des derniers jours et surtout la crue subite du Doubs, résultant de la fonte des neiges aient produit et rassemblé en fort peu de temps cette énorme masse d'eau qui s'y est élevée à des hauteurs jusqu'alors inconnues".

Du samedi 31 octobre au jour suivant, la Saône s'éleva si rapidement que ses eaux avaient presque atteint la barre de 1640. Bien que les grandes étendues de prairie soient déjà noyées, la progression ne se ralentissait pas. Le dimanche 1er novembre, 2 maisons de 3 étages, construites en pierre dans le faubourg de St-Laurent les Mâcon s'écroulèrent. Par bonheur, elles n'étaient pas habitées, et il n'y eut point de victimes.

La Saône croissant toujours et la pluie ne cessant de tomber, les habitants de faubourg commencèrent à déménager, aidés par MM. Bourgon et Gossein, lieutenant et capitaine de vaisseaux au long cours.

Dans son ouvrage, P.C. Ordinaire raconte : "Ce déménagement présenta un spectacle des plus saisissants. Les moutons, les bêtes à cornes, les volatiles étaient chassés devant de nombreuses voitures, transportant divers effet mobiliers. Hommes, femmes et enfants, mouillés de pluie ou plongés dans une eau glacée arrachaient à la hâte à l'inondation qui les menaçait les effets et les marchandises non encore envahies pour les transporter à Mâcon.

Sur 1 400 personnes dont se compose le faubourg, à peine en resta-t-il 100 dans les habitations".

A Mâcon, toute la partie basse de la ville se hâte aussi de déménager et les communications interrompues par les eaux sont provisoirement rétablies à l'aide de planches de bois disposées par la Compagnie des sapeurs-pompiers. Un service régulier de barques destinées à transporter les personnes hors des habitations inondées et à donner vivres et secours à celles qui désiraient rester est mis en place par le Procureur du roi M. Boutelier.

Lundi 2 novembre, la Saône et les prairies ne sont plus qu'une vaste mer qui étreint toutes les habitations jusqu'au 1er étage, laissant juste apparaître l'extrémité des arbres, charriant des bois de construction, des fragments de bateaux, des tonneaux, etc... La nuit du dimanche au lundi avait été affreuse : la moitié de la ville était envahie. On n'entendait que cris et lamentations : le tocsin qui retentissait dans toutes les communes de Bresse, le bruit des maisons qui s'écroulaient, l'obscurité produite par le manque d'éclairage (les conduits de gaz étaient obstrués), les mugissements des eaux.

Ce même lundi, les maisons formant la ligne de rue qui s'étend de la place de la Pyramide à St-Clément s'écroulèrent.

Le Préfet de Saône-et-Loire, M. Delmas, inquiet sur le sort des populations riveraines décide alors de visiter le littoral : une gondole à vapeur et l'Hirondelle n° 1, paquebot à vapeur sont réquisitionnés. Les responsables mâconnais se dirigent vers Vésines, Asnières et Feillens. Feillens, où les maisons peu sujettes aux assauts de la Saône étaient toutes construites en pisé. Lorsque le paquebot arrive, 25 s'étaient déjà écroulées et un grand nombre de personnes purent être arrachées des greniers où elles s'étaient réfugiées.

L'Hirondelle, pour sa part, explora Arciat, Cormoranche, Grièges et Chavannes où une seule maison tenait encore debout. A Cormoranche, 3 ou 4 maisons tenaient encore, mais étaient gravement menacées : "les habitants dans des barques cherchaient à sauver des effets mobiliers ; quelques uns acceptèrent le refuge que le bateau à vapeur leur présentait. Au moment de son départ, le commandant du steamer fut averti qu'une famille entière allait être ensevelie sous les décombres si de prompts secours ne lui étaient portés. Une embarcation se dirigea sur le lieu du danger et parvint avec beaucoup de peine à retirer d'un grenier 4 femmes et 2 hommes".

       Du côté de Grièges, cris de détresse et tocsin : "de tous côtés, des habitations écroulées ou s'écroulant ; des ombres sur de faibles barques fuyant le danger ; le lugubre tintement de la cloche ; le fracas des maisons s'abîmant, répété par une foule d'échos improvisés par les eaux et suivi d'un silence de mort... De temps en temps, quelques gémissements de désespoir".

Mais le spectacle offert par Mâcon n'était guère moins épouvantable. Les magasins étaient envahis jusqu'à 2 m de hauteur. Une maison s'était effondrée à l'extrémité rue Municipale, actuelle rue Carnot. Il y avait 2,30 m d'eau Place Gardon et à l'emplacement de l'actuelle zone industrielle du Stand.

Dans la nuit du 3 au 4 novembre, 32 maisons formant la ligne de rue de la place de la Pyramide à St-Clément s'écroulèrent. 2 maisons tombent rue Joséphine (actuelle rue Gambetta), dont une de 8 fenêtres de façade, à 3 étages avec des ouvertures de magasins.

A St-Romain, sur les 100 maisons de village, seules 3 ont survécu. A Dracé, 200 maisons environ sont englouties.

Un peu partout, les mêmes chiffres éloquents : Feillens a perdu 85 maisons, Manziat 10, Cormoranche 115, Grièges 106, Pont-de-Veyle 30, Lays 6, Crèches 30, St Symphorien 35.

Dans l'Ain,-1 086 sont détruites, 86 gravement endommagées.

Au cours de ces journées dramatiques, parfois le cocasse côtoya l'effroyable. Ainsi, ce capitaine, qui, atteint par la goutte et redoutant les effets de l'eau sur son mal, traversa une mare dans une brouette ; ce charcutier qui, pour s'échapper des eaux, utilisa comme embarcation son saloir plus habitué à recueillir des jambons ; ou cette vieille marquise, qui ne croyant pas au danger, refusait de quitter sa maison et fut enlevée de force par les sauveteurs en criant "Au viol, à l'assassin".

De beaux gestes aussi, comme celui de M. Gardon qui, de retour de Lyon, affréta sa gondole à vapeur et la chargea d'aliments pour voler au secours des sinistrés ; ou comme M. Fournier de Loché qui approvisionna les victimes.

Des nouvelles fantaisistes aussi : "l'eau a crû d'un mètre à Chalon", "Le Doubs va donner", "la Seille va tout submerger". A Chalon, le bruit court que Mâcon et St-Laurent ont disparu sous les flots. A Mâcon, on affirme qu'à Lyon, plus de 200 maisons se sont écroulées avec leurs habitants aux fenêtres, etc…

Après un bref répit, où tout le monde souffla, le vendredi 6, un violent vent d'est amena des vagues de plus de 5 m de haut qui arrachèrent les portes des rez-de-chaussée, envoyant frapper avec une violence rare contre les parapets du pont de grosses barques chargées de sel et causant de nouveaux dégâts.

A partir du samedi, l'eau décrut lentement : 17 cm par 24 heures, mettant fin à une semaine d'apocalypse.

Une crue d'une telle ampleur ne s'est pas revue en 142 ans. Cela ne signifie pas qu'il ne s'en reproduira pas. D'ailleurs, concluant sa communication devant l'Académie de Mâcon en 1847, M. Laval jugea bon de lancer l'avertissement suivant : "Nous croyons toutefois qu'il serait d'une sage prévoyance afin de s'opposer à la trop rapide imbibition du sol jusqu'aux couches imperméables et conséquemment à la subite arrivée des eaux glissant à la surface de replanter les flancs des coteaux inclinés qui bordent les sources et les affluents de nos principales rivières. Il en résulterait d'ailleurs de très grands avantages pour la navigation, en ce que d'autre part, la saison d'été ne produirait plus cet assèchement presque total de leur lit, tandis que d'autre part, les crues y seraient beaucoup moins fortes et moins fréquentes pendant la saison des pluies".

Deux ans plus tard, en septembre 1842, alors que les désastres de l'inondation achevaient de se réparer, un plan de canalisation de la Saône sur la base d'un chenal à eaux courantes, était proposé.

 

1856, 1896, 1910

Mai 1856, une pluie diluvienne en trombe d'eau fait gonfler la rivière. Sous la pression de l'eau, un pont aqueduc tout récemment construit dans la rue des Epinoches éclate. Les maisons sont envahies avec une rare violence et leurs habitants arrachés brutalement à leur sommeil. Toute une partie de la ville est touchée : un mur de 15 m est complètement renversé, un mur de la caserne s'écroule. Les maisons voisines de la place Gardon sont inondées et les jardins endommagés. Un cheval parqué dans son écurie de la place Gardon, effrayé par les eaux, se tue en voulant s'échapper.

L'ensemble du département est touché.

Début 1896, à nouveau une crue importante : commencée le 6 janvier, elle dura tout au long de février et mars.

Le 17 mars, les habitants de St-Laurent, virent emporté par les flots un berceau contenant un enfant de 11 mois : les parents et leurs 3 enfants s'étaient réfugiés au 1er` étage de leur maison, mais la Saône avait atteint ce niveau.

Le 18 mars, on enregistrait 6,31 m à l'étiage de St-Laurent. Le maximum atteint avait été 6,65 m.

1904, puis surtout 1910, dont les vieux mâconnais ont encore le souvenir. Souvenir et témoignage également conservés par de nombreuses cartes postales.

Dans le courrier de Saône-et-Loire, ces journées sont relatées : le 25 janvier, on enregistre une cote à Mâcon de 5,58 m, avec une montée horaire de 2 cm. Pour la nuit du 26 au 27, un maximum de 6,65 m est annoncé. Le Maire de Mâcon, le Dr Vaugy fait prévenir les habitants des bas quartiers de prendre leurs dispositions pour déménager rapidement caves et rez-de-chaussée.

Le 27, tous les bas quartiers et les quais sont envahis. L'hôtel de ville et ses environs baignent dans l'eau qui fait même son apparition dans les bureaux désertés de l'état-civil et de la police. Un service de bateaux est mis en place.

Le 28 janvier, la Saône est étale à 6,46 m mais un fort vent de midi oppose une grosse résistance à l'écoulement des eaux.

Début février, la décrue s'amorce, la fonte des neiges du Jura maintient cependant les eaux à un haut niveau. Les 12, 13 et 14 février, les eaux remontent : le 15 février, la cote est encore à 5,62 m à Mâcon.

Enfin, le 20 février, la décrue est là. Le 22, soit un mois après le début, tout rendre dans l'ordre.

       A nouveau en 1924, 1941, 1944, 1945, 1950, la Saône déborde sans que cela provoque de situation dramatique particulière.

            1955 : la dernière des "grandes"

      Le mercredi 19 janvier 1955, la cote des 6 mètres est dépassée et la montée des eaux se poursuit. A midi, le maire M. Escande réunit ses conseillers et les responsables des services techniques pour prendre les mesures nécessaires à la sauvegarde des sinistrés et de leurs biens. Chacun, ainsi que les représentants des services de la navigation, les pompiers, les responsables de la santé et de la police est chargé d'une mission particulière. Le point de la situation est fait chaque jour.

Les associations nautiques et les anciens mariniers, réquisitionnés, mettent en place 6 kilomètres de passerelles, surélevées au fur et à mesure de la montée des eaux.

Une cinquantaine de bateaux sillonnent les bas quartiers pour permettre aux habitants de se déplacer. Des tonnes de planches et de moellons sont mis à la disposition des mâconnais pour qu'ils puissent utiliser leurs couloirs noyés sous un mètre d'eau.

A St-Laurent, où toute la commune est sous l'eau, les 105 malades de l'hôpital sont évacués par les pompiers de Mâcon aidés de leurs collègues de St-Laurent et des sauveteurs jouteurs de Mâcon. De jour et de nuit, des équipes (dont une envoyée de Montceau) se relaient.

Les pertes de biens sont énormes. Beaucoup ont vu leur mobilier enfoui sous un mètre d'eau. On n'accède plus à l'Hôtel-de-Ville qu'en barque. Enfants et vieillards sont pour la plupart évacués.

En Bresse, 30 villages sont cernés par les eaux.

Le jour où la crue atteint 6,96 - et ou les services des Ponts-et-Chaussées annoncent une nouvelle aggravation de la situation, la digue de Verjux, située en amont de Chalon se rompt, laissant la Saône envahir le village où les gens se réfugient sur les toits, libérant ses eaux dans les plaines environnantes.

Si cette rupture causa de gros dégâts, elle permit cependant "d'écrêter" la crue et de ralentir le flux des eaux, sauvant en quelque sorte Chalon et Mâcon d'une beaucoup plus grande catastrophe.

Aujourd'hui, il reste un témoignage vivant de ces journées difficiles et éprouvantes pour la population mâconnaise : un film tourné par M. Marcel Guy et commenté par M. Marcel Vitte.

 Plus près de nous, en 1970, une nouvelle fois, la Saône s'est fâchée. Si cette petite colère fit plus de peur que de mal, elle n'en fut pas moins l'occasion de nombre de problèmes pour les habitants, notamment ceux nouvellement installés dans la Zup Nord. L'eau envahit les points les plus bas de la ville, interdisant la circulation sur les quais, noyant le hall du théâtre municipal juste à la fin du bal de l'A.S.M. Le récital que devait donner Samson François fut de même annulé. On posa 1 400 m de passerelles. Surtout, le chauffage urbain au nord et au sud de la ville fut coupé, privant ainsi de chaleur 804 logements de la ZUP et 502 de la percée sud. 5000 habitants durent, soit se loger ailleurs, soit trouver un chauffage d'appoint.

Plusieurs entreprises mâconnaises (la Mafit, Bergeaud), des restaurants fermèrent leurs portes, condamnant plusieurs centaines de personnes au chômage. A 6,33 m, la rivière se calma, au grand soulagement général.

Après une accalmie de 10 ans, la récente crue de la Saône en décembre 1981 avec 6,64m,  pose à nouveau l'éternel problème de la prévention. Quoiqu'il en soit, cela fait maintenant des siècles que, régulièrement la rivière se fâche, traumatisant ses riverains et ses alentours, et des siècles, que ses riverains, une fois ses eaux apaisées, ne pensent pas le moins du monde à quitter ses bords.

      

       Depuis cette date,  jusqu’en 2009,  il y a eu 4 autres grosses crues,  1982 avec 6,50m. 1983 avec 6,65m. 1994 avec 6,34m. 2001 avec  6,55m.

                             

       Extrait de la brochure  "Mâcon: les crues de  la Saône"  qui fut publiée en 1982 par la municipalité de Mâcon

 Graphique réalisé avec Microsoft office Excel 2007, après maintes recherches sur des brochures, articles de presse, et archives départementales. 

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